Test :
Dyhortfight chapitre 4 (complet)
Par elm6

Temps joué : 5 h


Introduction

Dyhortfight chapitre 4 est un jeu complet développé par Bradgeone sur RPG Maker 2003.

L'histoire est la continuité directe des opus précédents, auxquels je n'ai pas joué.
Le jeu propose néanmoins une longue cinématique récapitulant l'histoire.

Il s'agit d'un RPG tour par tour à base de voyages temporels. Le contexte mêle donc fantasy médiévale et science-fiction.


Awards généraux et spécifiques

Meilleur scénario (Note : 3,75/5)

L'histoire globale est très complexe et même si la cinématique qui récapitule le tout est une idée très louable, elle m'a laissé dans un certain flou. Trop de noms, de dates, d'événements à retenir pour arriver à réunir les parties du puzzle.

Malgré tout, l'univers est particulièrement fouillé et semble cohérent avec lui-même.
Des facilités scénaristiques poussent parfois nos personnages à prendre des décisions discutables, mais quel RPG ne le fait pas ?

Les protagonistes ainsi que les PNJ les plus importants ont des personnalités bien précises et leur histoire personnelle est plutôt intéressante. J'aime particulièrement l'introduction d'Etniie, qui est assez triste, psychologiquement un peu dure, mais qui m'a impliqué.

Le concept des doubles est intriguant et à partir d'un certain point, des groupes concurrents au notre entrent dans l'histoire du jeu, comme le trio de Sleipnir et les Enfants de cœur.

On note cependant un monde très hétérogène en ce qui concerne les capacités des habitants. Certains sont puissants au point de rappeler Dragon Ball, d'autres très faibles. C'est assez shonen dans l'idée, mais j'aurais tendance à penser que le gouffre est trop grand. Ce n'est que mon avis, par rapport à mes goûts, pas mal d'œuvres connues montrent de tels rapports de force, je ne suis simplement pas trop client du principe.

D'un point de vue général, je dirais que l'histoire et l'univers n'entrent pas dans mes goûts personnels, peut-être parce que le mélange des genres (fantasy et SF, médiéval et futuriste) pousse le bouchon un peu loin et ne parvient pas, à mes yeux, à se réunir en un tout à l'identité propre.
En revanche, je me refuse à l'idée de mettre un note trop basse tant l'auteur s'est impliqué dans la création d'un univers complet, réfléchi et aux multiples enjeux.
Je vais donc faire la distinction entre mon appréciation personnelle et un jugement plus objectif et détaché du travail accompli.


Meilleure mise en scène (Note : 4,5/5)

L'effort de mise en scène est sidérant. Tout est animé avec soin, des cinématiques aux combats en passant par les environnements que l'on peut parcourir.

Le rendu est imparfait, mais plus que satisfaisant compte tenu des limitations du moteur de RPG Maker 2003 et du type de ressources utilisées.

Il s'agit, à mes yeux, du principal point fort de ce jeu. Il en a d'autres, mais pour l'omniprésence de l'effort de narration visuelle, je pense que Dyhortfight 4 est un très sérieux concurrent à l'award.

Si je dois juger les points forts et faibles, je dirais que le côté cinématique, ainsi que l'animation des PNJs qui apportent de la vie dans les environnements, est ce que j'ai apprécié le plus dans l'expérience de jeu.

En revanche, les animations en combat, si louable l'intention soit-elle, m'ont fait rire par leur démesure, jusqu'à devenir une blague récurrente et trop souvent racontée au fil du jeu.

La vie reste correctement représentée et l'on a rarement l'impression d'évoluer dans un monde "mort" qui ne sert que notre aventure. Les lieux ont leur intérêt et usage, en ville, on croise des bandes, des marches, des musiciens, dans la gare, des gens qui attendent leur train.

Sur l'overworld, c'est un peu moins présent, mais on a au moins des voitures qui se baladent sur les routes.
Seules les zones "donjon" manquent un peu de vie, sans que ce soit trop gênant, car leur ambiance devient plus mystérieuse et pesante.


Meilleur gameplay (Note : 3,5/5)

C'est niveau gameplay que le jeu a eu le plus de mal à me convaincre.
Loin de moi l'idée de dire qu'il n'y a que de mauvaises choses, bien au contraire, mais l'imperfection des systèmes nuit à l'immersion et au plaisir de jeu, jusqu'à rendre des concepts excellents peu agréables.

En combat, par exemple, nous n'avons aucun indicateur visuel du personnage dont nous déterminons les actions et cela force à vérifier les compétences accessibles pour savoir qui est actif à ce tour.
Dans le menu, les touches de navigation sont capricieuses et peu intuitives.

Le craft et les interactions avec l'environnement sont autant de bons points sous-exploités. Et le système d'équipement est d'une originalité qui n'a d'égal que son aspect rebutant (car pour se souvenir de ce que fait chaque emplacement, il faut repasser par un sous-menu d'aide).

En bref, les combats et menus sont codés en événements et sont, pour cette simple raison, une belle prouesse technique. Mais allons au-delà du point de vue d'un développeur et adoptons celui d'un joueur qui ne se rendra pas compte de ça et tout de suite, le charme n'est plus.

Meilleurs graphismes (Note : 3,75/5)

Les graphismes de ce jeu me laissent un goût étrange, que je ne parviens pas à identifier.
Sont-ils homogènes ? Parfois, mais pas toujours. Sont-ils cohérents et au service de jeu et de la volonté du développeur ? Ici je dirais que oui.

En dehors de toute considération personnelle (est-ce que j'aime le style ? par exemple) j'avoue que l'apparence du jeu n'a rien d'un point faible. Les ressources utilisées sont là pour de bonnes raisons. Le mapping, l'utilisation des divers éléments est excellent. Les environnements apparaissent riches, identifiables et fournis.

Au service de la narration, de la mise en scène, et de l'animation du monde dans lequel on évolue, la patte graphique du jeu, si elle n'a rien de sidérant, remplie son rôle à merveille.

J'aurais cependant apprécié un effort d'ambiance plus présent en terme de gestion de la luminosité. L'ambiance souffre du manque de changements marqués en terme de teinte d'écran. Mieux marquer l'obscurité, par exemple.

Meilleure ambiance sonore (Note : 3,5/5)

En ce qui concerne l'ambiance sonore, nous allons procéder par points.
En premier lieu, les musiques. Ces derniers proviennent d'horizons divers. Quelques-unes sont celles fournis de base par les logiciels RPG Maker, de nombreuses autres sont des OST de jeux connus comme Shin Megami Tensei, Breath of Fire, Beyond Good & Evil, Dark Cloud ou Suikoden.
Elles ont le mérite d'être assez adaptées à des environnements de RPG comme ceux de Dyhortfight. Les aspect peu homogène, qui aurait pu être un gros point noir, est ici une preuve de cohérence dans le paradoxe global dans l'œuvre qu'est ce jeu. Les genres se mélangent, les ambiances et époques aussi. Ainsi, les musiques s'évadent, brisent les murs d'un aspect lisse souvent recommandé pour rejoindre la logique de jeu qu'elles servent.
Les compositions sont de qualité, les niveaux sonores réglés avec parcimonie. C'est un assemblage de sons atypiques, pour un jeu atypique. Que dire de plus ?

Viennent enfin les effets sonores. Nos interactions génèrent le plus souvent un bruit. C'est trop souvent oublié par les développeurs amateurs, alors que le feedback sonore reste quelque chose d'important. Ici, il est présent.
En combat, les sons des animations sont adéquats. Parfois démesurés, mais pour des animations d'attaque qui elle-mêmes le sont, alors jusque là, quoi de plus normal ?

Les sons d'ambiance n'ont pas été oubliés non plus. Le roulement des vagues à la mer, le bruit de la ville en milieu urbain, le ronronnement du train qui roule, le moteur de la voiture. Les petits détails ont été traités avec soin. C'est de toute manière la chose dont ce jeu ne manque pas, du soin. Que l'on aime ou pas, c'est un travail sérieux qui est proposé par l'auteur.

Je termine sur le bémol : les sons du menu. J'ai l'impression de prendre un coup de poing dans le nez lorsque je navigue sur le menu et si j'ai le malheur de tenter une manipulation impossible, j'ai même droit au traitement par électrochoc. Ça, c'était très désagréable. S'il y a un seul point à modifier, il est là : adoucir les bruitages de navigations. Je n’aime pas me faire malmener par le menu du jeu. Personne n'aime ça.


Conclusion (Note totale : 4/5)

Que dire pour conclure ? La question qui se pose est bien sûr : Dyhortfight chapitre 4 peut-il prétendre à l'Alex d'Or ? Peut-il gagner le concours ?

A cela, je ne peux apporter de réponse, pas tout de suite, puisque c'est le premier que je teste.
Je peux néanmoins affirmer qu'il est le fruit d'un travail de titan. Sérieux et soignée et que chaque défaut s'accompagne d'une réussite ou d'une volonté louable.

Le jeu est imparfait. Certes. Ai-je aimé y jouer ? En toute sincérité, pas tant que ça (et c'est la raison pour laquelle je ne l'ai pas terminé). Mais cela ne m'empêche pas de rester ému et admiratif devant l'ampleur du travail accompli.
Bradgeone nous propose ici une œuvre étrange, atypique, qui ne fera certainement pas l'unanimité.
Mais c'est aussi la beauté de la chose. Dyhorfight, que l'on aime ou déteste, reste une expérience unique, semblable à nulle autre.

Quelle que soit la conclusion de ce concours, sa place finale, les awards qu'il gagnera ou pas, je souhaite dire : bravo.
J'ai joué à une multitude de jeux amateurs réalisés sous RPG Maker et rares sont ceux dont l'âme est si forte. Au delà de l'appréciation personnelle, j'apprécie l'investissement du créateur pour transposer le monde et les histoires qu'il a créé sous forme de jeu.


Remarques diverses

- J'ai eu droit à un crash pendant le jeu, dans la scène d'introduction d'Etniie lorsque je devais trouver les ingrédients au village. J'ai marché sur un piaf (désolé à lui), et quand les autres s'envolaient, celui-là a fait crash mon jeu. J'ai renouvelé l'expérience, pour savoir s'il était mal codé, lui en particulier, mais ce n'était pas le cas. Mystère non résolu.
- Certains dialogues, images et éléments sonores sont assez... osés ? Au risque de passer pour un vieux coincé, je dirais que ce n'est pas adapté aux plus jeunes, ni à la diffusion sur des plateformes comme Twitch. Streamers, warning : rien d'horrible, mais à vos risques et périls. Je m'étais demandé si j'allais stream mes tests et je me suis ravisé dès ce premier jeu. Je ne voulais pas jouer avec le feu.

Quelle note donneriez-vous à ce test ?

Ce test est-il bien rédigé, compréhensible, complet, respectueux ?

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bradgeone - Publié le 29/08/2022 à 11:52:52


Juré
16 messages
Merci pour le test. Mea culpa pour les bugs.

Dyhortfight est effectivement un patchwork de beaucoup de choses car j'aime les jeux où il se passe tout et n'importe quoi (et les voyages dans le temps permettent ça). On passe de la préhistoire au futur en passant par le moyen âge.

Il y a énormément de référence à la pop culture (alien, harry potter, tortue ninja...), aux RPG etc. Et ça se ressent aussi dans les musiques comme ça a été souligné.

On aime ou on aime pas ça peut être déstabilisant j'en conviens aisément, d'ailleurs les personnages brisent régulièrement le 4ème mur pour s'en moquer, car le jeu ne se prend pas au sérieux.

Le jeu est 12+ certains dialogue sont crus, quelques scènes sont violente (mais bon avec des persos de 20 pixels de haut) et Pride "est un bon vivant" (pour parler gentiment).

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