Test :
Oi et le mystère des pots de couleur
Par Zexion

Temps joué : 3 h


Introduction

Oi et le mystère des pots de couleur est un jeu de Crayon. Non, vous n'aurez rien à dessiner, Crayon étant simplement le nom du développeur. Il définit lui-même son jeu comme relevant d'un "monde enfantin" et je dois admettre que c'est un peu l'impression que l'on a lorsque on regarde les captures d'écran sur sa fiche. Je dois dire que j'ai été intrigué par ces images, j'avais du mal à me figurer à quel public s'adressait le jeu. Rapport du test de cette démo.


Awards généraux

Gameplay (Note : 2/5)

Le jeu se joue de façon classique, comme la plupart des jeux sous RPG Maker. On contrôle un personnage en vue du dessus qui peut se déplacer dans les quatre directions. Il est possible d'interagir avec d'autres personnages, ou des éléments du décors grâce la touche action. Petit point d'originalité, le joueur peut utiliser un outil équipé sur la map, comme un marteau, pour supprimer des obstacles sur les maps et accéder à de nouvelles zones.

Les combats sont relativement classiques eux aussi. Il prennent place en vue de côté, et se déroulent en tour-par-tour à la manière des jeux Final Fantasy. Pour chaque personnage, le joueur a le choix entre l'utilisation d'une simple attaque, une technique spéciale, un objet, ou se mettre en position de défense. On pourra reprocher au jeu le fait qu'on ne contrôle pendant longtemps qu'un seul personnage, ce qui réduit considérablement les possibilités de stratégie sur le champ de bataille.

Enfin, et c'est un défaut majeur qui porte énormément préjudice au jeu en tant que RPG : les combats ne sont pas du tout calibrés. Les ennemis deviennent rapidement très faibles par rapport au niveau du joueur. Par ailleurs, on dispose dès le début d'une technique surpuissante que l'on peut lancer à volonté (crochet des ténèbres) et qui a la capacité de tuer en une seule fois n'importe quel groupe d'ennemis (boss compris), ôtant ainsi toute difficulté au jeu.

Point positif tout de même, le jeu fait l'effort de proposer des tutoriels au sujet de nombreuses mécaniques.

Histoire (Note : 2/5)

L'histoire narrée par le jeu est la suivante :

Le professeur Pneu, professeur d'archéologie à l'université de Crayonville, est fasciné par une légende pour le moins étonnante : en réunissant toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, il serait possible d'atteindre l'être suprême. Plusieurs années plus tard, alors qu'il s'est retiré dans un petit village au fin fond du désert, le prof Pneu localise la couleur rouge. Ni une, ni deux, il contacte son jeune ami Oi. Sa mission, partir à la recherche de cette couleur (et des autres) afin de réaliser la légende.

Bon, j'en conviens, cette histoire est assez déconcertante. Je trouve ce pitch général peu aguicheur, et si l'on creuse un peu on se rend compte que dans les détails ce n'est pas beaucoup mieux. L'histoire est ainsi bardée de raccourcis, de fausses coïncidences qui permettent de faire avancer l'histoire de façon artificielle. A aucun moment on ne parvient réellement à se projeter dans l'histoire, d'autant plus que son traitement est extrêmement simpliste et niais. Les dialogues deviennent rapidement agaçants. Ce problème est révélateur de l'un des principaux problèmes du jeu : il ne parvient ni à se positionner comme un jeu pour enfant, ni comme un jeu pou adultes.

Ambiance et immersion (Note : 2,5/5)

Je vais être honnête, je me suis assez ennuyé lors de ma session de test sur Oi. A aucun moment je ne me suis senti immergé au point d'en oublier que je jouais à un jeu-vidéo. Globalement le jeu oscille entre deux type de phases :
- Les phases en ville. Elles sont ponctuées d'interminables dialogues, qui en plus contiennent relativement à leur longueur peu d'informations qui font avancer l'histoire.
- Les phases de cheminements entre les villes, ou les donjons. Le joueur y passe beaucoup de temps car les décors sont peu variés et on les assimilera souvent à des labyrinthes. On est régulièrement dérangés par des ennemis qui n'offrent aucun challenge pour les raisons évoquées plus haut, et donc donnent le sentiment de nous faire perdre notre temps.

Dans ces conditions, dur de s'amuser. D'autant que comme reporté précédemment l'histoire peine à motiver le joueur à avancer. On pourrait alors penser se reporter sur les quêtes annexes. Il y en a, c'est vrai, mais elles se font très rare, et sont souvent répétitives. La quantités d'aller-retours nécessaires pour avancer dans le jeu est lassante au possible. Je pense par exemple à cette quête annexe où il faut trouver et affronter les bandits autour de la Forteresse Encrière.

Pourtant Crayon avait fait des efforts pour essayer d'immerger le joueur : les environnements présentent parfois des animations sympathiques comme la circulation des voitures en ville, il y a un système jour-nuit, ... Par ailleurs, l'auteur a tenté de donner l'illusion d'un vaste monde en camouflant les téléportations entre les maps d'extérieurs. Malheureusement, tout cela ne suffit pas à gommer les défauts évidents du projet.

Graphismes (Note : 4/5)

Les graphismes du jeu sont beaux, à n'en pas douter. Crayon a prit le parti d'utiliser volontairement des ressources que l'on pourrait qualifier de "simplistes", cartoon. L'effet est là : il parvient à donner vie à son univers, et à rendre son jeu immédiatement reconnaissable parmi les autres cela malgré quelques fausses notes. En effet, quelques ressources tranchent avec l'ensemble, particulièrement les animations (en combat et hors-combat). Bien qu'un peu plus de variété au niveau des éléments que l'on croise dans les environnements aurait été appréciée, ces décors restent indéniablement l'un des atouts du jeu.

Conformément aux décors, les personnage ont un look assez simpliste, souvent inspirés d'objets en rapport avec le dessin (une gomme, un crayon, un encrier, ...). Pour ma part j'aurai apprécié un peu plus de travail à ce niveau-là, mais force est d'admettre qu'ils s'intègrent très bien aux décors (et de toute façon le projet n'a certainement pas de grandes ambitions en terme de maturité).

Les décors évoquent pas mal Pokémon, j'ai même l'impression que certains éléments graphiques ont été directement calqués dessus (les falaises entre autres je crois).

Bande-son (Note : 2,75/5)

La bande-son est constituée d'un mélange de musiques issues de plusieurs jeux (j'ai reconnu entre autres des thèmes de la saga Crash Bandicoot et de Pokémon). S'il est vrai que ces musiques correspondent généralement bien aux lieux ou situations qu'elles accompagnent, elles comportent un défaut. Dans leurs jeux d'origines, elles tendent à être jouées peu de temps. Par exemple, dans la saga Crash Bandicoot, un niveau excède rarement quelques minutes. Le problème étant que dans Oi, ces musiques illustrent des passages qui peuvent facilement dépasser la demi-heure. Je t'avoue par exemple que j'ai vraiment saturé lors de ce passage à la Forteresse Encrière dont la musique se prolonge jusque chez le dragon.


Awards spécifiques

Level-design (Note : 3,25/5)

Les villes sont plutôt bien pensées. On s'y promène de façon agréable. L'intérieur des maisons est par moments un peu vide cependant. Il n'y a parfois même pas de lits (je pense à cette maison de Crayonville qui ne contient qu'une bibliothèque, ou au restaurant universitaire qui manque d'éléments de cuisine). On peut relever occasionnellement des incohérences (pourquoi les lampadaires et les feux des voitures de Crayonville sont allumés alors qu'il fait jour et que le soleil brille ?).

Hors-ville, les zones à explorer sont excessivement grandes avec des décors très répétitifs et des combats parfois assez espacés, même s'il est au moins appréciable de voir que l'écueil des combats aléatoires a été évité. Il y a souvent des recoins assez longs qui s'apparentent à des chemins et qui se révèlent être des culs-de-sac. Parfois, on croirait vraiment être dans un labyrinthe, on se perd facilement. Les décors sont trop minimalistes. Attention je ne parle pas ici du style graphique simpliste qui peut être considéré comme un choix artistique mais bien du mapping des environnements qui semble désuet.

Systèmes (Note : 3/5)

Crayon a fait l'effort de créer un certain nombre des systèmes en événements. Malheureusement la plupart d'entre eux sont très secondaires et ne modifient pas vraiment la façon de jouer. On peut ainsi prendre le métro en ville, déposer son argent à la banque, ...
Mais ce système de magasin n'est pas pratique. On ne peut pas voir le nombres d'exemplaires de l'objet qu'on possède déjà, et il est impossible d'acheter plusieurs exemplaires d'un même objet en une seule fois. Il y a aussi un problème avec les points de fidélité, à moins que j'aie mal compris quelque chose. Après avoir dépensé pour 500 pièces au centre commercial de Crayonville j'avais toujours 280 points de fidélité seulement (la somme que j'avais dépensé dans le désert). D'ailleurs les prix de vente des objets dans les Cactus marché sont souvent incohérents avec les prix d'achat.

Lorsque l'on équipe un certain équipement, il est possible d'interagir sur les maps. Par exemple équiper le marteau permettra de se débarrasser de gros blocs qui empêchent l'accès à certains coffres. Cela offre une certaine rejouabilité dans le sens où il devient intéressant de revisiter des environnements qu'on a déjà parcourus plus tôt.

Notons enfin la possibilité d'acheter des maisons. On regrettera toutefois que ces propriétés n'offrent finalement que peu d'avantages au regard du prix important qu'elles coûtent. On aurait aussi apprécié quelques possibilités de personnalisation.

Mise en scène (Note : 1/5)

Le jeu n'obtiendra pas d'award dans cette catégorie, c'est presque certain.
La mise en scène est absolument minimalistes. Les dialogues trainent souvent en longueur et se font sans mouvements et sans animations de la part des protagonistes. Les facesets des personnages principaux ne sont pas assez variés et échouent la plupart du temps à transmettre les émotions des personnages. On aura droit de temps en temps à une émoticône exclamative ou interrogative mais c'est clairement insuffisant.

Sacrilège des sacrilèges, Crayon fait régulièrement usage de longs textes défilants pour s'épargner la réalisation de certains passages.

Univers (Note : 3,5/5)

Le moins que l'on puisse dire c'est que cet univers est original. Crayon a pris le parti de créer un monde peuplé par des objets animés de vie. Par exemple, les crayons vivent à Crayonville et les encriers à la Forteresse Encrière. Oui car l'une des thématiques de ce monde, c'est le dessin. De nombreux personnages, lieux et objets y font référence (par exemple, le dégomme est un objet d'apparence similaire à une gomme qui provoque des dégats aux ennemis en combat). Crayon a poussé le délire assez loin en allant jusqu'à réaliser la géographie de son monde, déterminant des pays, des chefs-lieux. Oui, c'est vrai, certaines décisions pourront faire tiquer le joueur, comme le fait qu'une mégalopole moderne puisse coexister à côté d'une société médiévale, mais de toute façon comme on l'a dit plus tôt le jeu ne se prend pas vraiment au sérieux. Au moins Crayon a-t-il réalisé quelque chose de varié.

Personnages (Note : 1/5)

J'ai hésité à noter cette catégorie. En fait, je trouve que le développement des personnages est mauvais. Aucune personnalité ne ressort véritablement d'eux.

Oi va quand même suivre le professeur Pneu et traverser un désert alors qu'il ne sait même pas pourquoi. Ce personnage principal est vide : il parle peu, fait tout ce qu'on lui dit de faire, ne pose pas de questions, n'a jamais de pensés propres. Au point que ça en devint énervant.

Les façons de parler des personnages se ressemblent toutes. Par exemple, le professeur Pneu n'est pas crédible un seul instant en tant que professeur. On s'attendrait de sa part à un vocabulaire et à des tournures de phrases élaborées, mais il n'en est rien.

Les personnages qui rejoignent l'équipe n'ont souvent que des raisons dérisoire de le faire (Boinguette, Cactuneaux), et une fois leur but accompli, ces personnages restent dans le groupe sans trop de raisons. D'ailleurs, les relations entre les différents personnages de l'équipe sont peu développées.

Introduction (Note : 1/5)

La scène d'introduction de ce jeu est absolument inutile. Elle traine en longueur et toutes les informations qu'elle contient sont resservies quelques minutes plus tard dans le jeu.

Passé cette scène, Oi doit traverser un désert avec le professeur Pneu sans même savoir pourquoi. On a vu mieux pour emballer le joueur.

Cette première heure de jeu est parsemée de tutoriels. On a un peu de mal à accrocher au début du jeu. C'est dommage.

Graphismes originaux (Note : 4/5)

L'essentiel du projet étant réalisé avec des ressources graphiques personnalisées, je me suis permis de reporter la note de l'award Graphismes ici, afin d'éviter de me répéter.

Musiques originales (Note : 0/5)

(Ce jeu ne participe pas à cette catégorie compétitive)




Conclusion (Note totale : 2,5/5)

Pour finir :

Je trouve que Oi est un jeu qui bien qu'étant porteur d'une certaine originalité par ses graphismes personnalisés et son univers osé, comporte des défauts qui altèrent substantiellement l'expérience de jeu.

Le projet peine à se positionner : il aura du mal à convenir aux adultes à cause de l'univers enfantin et des personnages sans personnalité, et aux enfants à cause des dialogues longs ou encore des environnements labyrinthiques.

Pire : à l'heure actuelle le système de combat ne présente absolument aucun intérêt, ce qui est tout de même un comble pour un RPG. L'expérience de jeu aurait sans doute été très différente si du soin avait été apporté à cet aspect. Je me questionne vraiment sur la démarche de l'auteur de présenter une démo si peu aboutie de ce point de vue là.

Pour ce qui concerne les possibilités de récompenses, à mes yeux Oi et le mystère des pots de couleur ne mérite pas l'award Meilleur jeu. Il pourra éventuellement prétendre aux awards Graphismes et Graphismes originaux, ou encore Univers, mais guère d'avantage.

Une bonne continuation à Crayon dans la poursuite de son projet ! Il ne fait aucun doute que le travail déjà abattu est considérable. Je lui souhaite beaucoup de courage pour améliorer les points soulevés par moi-même et les autres testeurs.


Remarques diverses

Il y a régulièrement des fautes de grammaire et d'orthographe.
J'ai aussi noté la présence de rares problèmes de passabilités.

Quelle note donneriez-vous à ce test ?

Ce test est-il bien rédigé, compréhensible, complet, respectueux ?

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